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Les mouillages sur Jonathan

 

Le mouillage ! Un sujet avec autant de réponses que de marins, de bateaux et d’ancres…

Donc je ne donnerai pas de solution miracle, il y a autant de façon de mouiller que de bateau et de capitaines. Je vais juste vous conter comment cela se passait sur Jonathan, technique mise au point après beaucoup, beaucoup de mouillages, de coups de vent et quelques dérapages…

Après avoir choisi notre endroit (idyllique ou contraint et forcé par la météo…), repéré la profondeur, la possibilité d’évitage et d’une sortie assez facile si on y était obligé et la qualité du fond si oh miracle la carte le précisait, l’équipage se met à poste.

La brinqueballe en main, je pars au guindeau. Par précaution, j’ai mis celui-ci sous tension. On ne sait jamais : si la manœuvre échoue et qu’il faut remonter le mouillage rapidement… Je vérifie que le frein du guindeau est bien fonctionnel (oublié une fois en mode blocage sur une traversée de 3 semaines, il a fallu s’échiner dessus pour le libérer) puis je libère la chaîne qui était assurée par un cordage sur un taquet. Je lâche un mètre de mouillage, l’ancre se trouve ainsi suspendue, prête à plonger. Un signe à la barreuse (important d’avoir un code de signes simple pour les manœuvres courantes : avant, arrière, bâbord, tribord, stop, prêt…) pour lui indiquer que je suis prêt.

Pascale vient mettre le bateau, bout au vent, à l’endroit où planter l’ancre et stoppe l’erre de Jonathan. Ici, 2 cas de figure, soit le fond est à une profondeur régulière et connue, soit elle choisit l’endroit en fonction de la profondeur et de la côte. Lorsque le bateau stoppe et commence doucement à culer, elle m’indique la profondeur (non au cm mais au mètre près, cela me suffit !). Je libère alors le guindeau, lâchant une longueur de chaîne égale à 2 ou 3 fois la hauteur d’eau, selon la vitesse à laquelle Jonathan cule. Notre chaîne est marquée tous les cinq mètres avec des marques de couleur simples. Ensuite, en suivant la tension de la chaîne, je lâche régulièrement du mouillage (de 4 à 7 fois la hauteur d’eau voire plus, là encore beaucoup de discussions possibles, cela dépend bien sûr du temps attendu mais surtout du comportement du bateau sous les rafales ; Jonathan, lui, assez haut sur l’eau à la proue, rappelle sur l’ancre assez facilement).

Une fois l’opération terminée, on teste par une marche arrière douce au moteur la tenue du mouillage. Je surveille la tension de la chaîne, si elle se tend en continu, sans « frémissement », tout est ok. Ayant fait le signe-code Stop, Pascale arrête la marche arrière, et on revient doucement sur l’ancre. Ensuite, chacun prend ses repères à terre pour l’avenir ! On n’oubliera pas de les reprendre à la nuit tombée…

Pour ma part, je mets en place une main de fer sur un bout de aussière de 18 et je lâche un peu de chaîne afin d’éviter les à-coups sur le barbotin du guindeau.

Profitons maintenant de l’endroit…si le temps le permet !

Quelques réflexions générales :

L’ancre, nous en avions 3 en partant et 4 en arrivant. La principale, que nous avions au départ, nous a réservé quelques dérapages mémorables sur des coups de vent et surtout des dérapages sans avertissement, elle lâchait d’un coup sans reprendre. Elle est ensuite devenue ancre de secours ! Nous avons donc échangé pour une bonne vieille CQR en Argentine, elle a fait tout le reste du voyage, Patagonie comprise, elle a chassé quelquefois mais toujours progressivement, nous avions le temps de nous préparer pour mouiller à nouveau…

La seconde est une ancre plate, nous nous en servions dans 2 cas de figure. Quand nous laissions le bateau seul dans un mouillage avec possiblement du vent, nous la mettions en plomb de sonde montée sur 10 m de chaîne et 30 à 40 m de câblot, l’extrémité fixée sur un taquet environ 1 m derrière la proue et le cordage lové dans une grande bassine sur le pont. Cela a été utile quelques fois lorsque le vent a changé de direction brutalement.

 Sa 2ème utilité était l’affourchage en Patagonie, nous la portions alors en annexe à l’endroit voulu.

La troisième est une petite ancre plate sur un cordage plombé pour le mouillage arrière ou latéral par exemple lorsque le vent porte le bateau sur des quais en béton mal protégés.

Le mouillage. Nous sommes partis avec 100 m de chaîne et 60 m de câblot pour le mouillage principal. Cela nous a servi une fois mais a évité la perte de Jonathan (merci au pêcheur brésilien qui a tout lâché).

Le poids de la chaîne est peut-être utile sur un mouillage calme ; lorsque le vent souffle vraiment fort, votre chaîne se tend. Bien tendue il n’y plus aucun amortissement lors des rafales et l’ancre encaisse tout. Nous avons essayé de suspendre du poids (ancre, plombs…) pour enrayer ce phénomène, le problème était qu’il fallait fixer ces poids sur l’ancre en mouillant et les remonter était un effort supplémentaire pour le guindeau. C’est en arrivant en  Nouvelle-Zélande que nous avons découvert la solution : l’Anchor-Buddy®, on le met en place quand le besoin s’en fait sentir, on amortit tous les à-coups et c’est indépendant du mouillage. 

L’orin et sa bouée, qu’en pensons-nous ? Pour repérer son ancre afin que d’aucun ne vienne poser la sienne par-dessus ? Peut-être… Pour dégager son ancre lorsque celle-ci est engagée sous un rocher ou une chaîne, c’est son utilité première mais il faut penser à le mettre en place systématiquement lors du mouillage et bien sûr la seule fois où l’on n’aura pas jugé bon de le poser… on en aurait eu besoin… Eh oui la loi de Murphy ! On peut toujours essayer d’y aller en force au moteur latéralement ou par l’avant ou si la région le permet envisager de plonger…

L’Anchor Rescue®, bien sûr, n’est pas la réponse à tous les problèmes (comme 3 fois le tour d’un rocher ou un simple tour mais autour de 4 patates de corail, là la patience est de mise… !) mais elle pourra dégager votre ancre comme on le ferait avec un orin classique sans embrouille dans le mouillage et sans risque d’oubli de mise en place.

 
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